Boryana Katsarova, jeune photographe Bulgare et Coup de Cœur de l’ANI lors du festival Visa pour l’Image 2011, nous fait part de l’intérêt de montrer son travail aux lectures de portfolios.
Quelques photos du travail de Boryana sur les conséquences de l’exode rural de son pays.
«Lonely Bulgaria» est la première partie d’un projet à long terme consacré au dépeuplement des zones rurales à travers le monde. C’est un travail sur ces lieux, ces espaces oubliés de tous et qui se vident de tout espoir en l’avenir.
Au cours des 20 dernières années, la plupart des jeunes ont fui les zones rurales bulgares, laissant derrière eux leurs familles, leurs amis. Ils sont partis s’installer dans les grandes villes ou à l’étranger, dans l’espoir de trouver un travail qui leur permette de vivre mieux, de profiter de la nouvelle économie de marché. Au début des années 90, les deux tiers de la population bulgare vivaient en milieu urbain.
Officiellement, la Bulgarie compte 5047 villages habités et 255 villes. Selon l’Institut national de la statistique bulgare, le nombre des villages totalement désertés en 2009 étaient de 148. En 2010, 1388 villages étaient peuplés par moins de 100 habitants.
Selon une estimation de l’organisation non gouvernementale Population Reference Bureau, basée à Washington, la population de la Bulgarie va diminuer de 34% entre 2005 et 2050, passant de 7.700.000 à 5.000.000 habitants. Selon cette ONG, seul le Swaziland, où 38% de la population est contaminée par le virus du sida, subit un dépeuplement encore plus important.
Conséquences de cette exode, l’activité économique régresse, les commerces et les services sociaux disparaissent, l’habitat se délabre, les conditions de vie engendrent l’isolement … Le lien social n’existe plus.
Aujourd’hui, les villages ne sont plus habités que par des personnes âgées, livrées à elles mêmes, totalement isolées, abandonnées par leurs familles et les pouvoirs publics. Certains d’entre eux disent: «même dieu nous a oubliés».
Pourtant, l’Etat ne fait rien pour enrayer l’exode rural. Dans un pays où il n’y a ni guerres, ni épidémies, ni tremblements de terre ni catastrophes, le dépeuplement de la Bulgarie apparaît comme un fléau social.