Pour cette nouvelle édition, Fabrice Héron, iconographe et
recherchiste, cofondateur du collectif Les Iconos , a
choisi le thème de la photographie politique.
La photographie politique en pleine campagne si l’on se réfère davantage à des photographes de presse revenant d’un conflit ou à des photographes documentaires couvrant tel sujet de société, connait-on ceux qui documentent les différentes campagnes électorales ? Il y a des photos qui brisent une image quand d’autres la magnifient. Entre valeurs esthétique et informative, qu’est-ce que les images peuvent nous apprendre sur le politique ?
Conférer aux images un rôle actif dans la personnalisation du politique, recourt à la
rhétorique visuelle de la démocratie d’opinion, cette « couche primaire » de la
communication qu’évoquait le philosophe Daniel Bougnoux. Plus puissantes que de
simples illustrations, les photographies participent à créer la réalité politique dévoilant
les usages sociaux des candidats.
Tracts, affiches et photographies constituent des traces de la diversité des pratiques
et des représentations du politique. Cette iconographie ne saurait pourtant être
réduite à un avatar. L’analyse des images constitue alors un enjeu méthodologique
pour décrypter la photographie, comme un outil du manifeste politique.
De Jean-Claude Coutausse aux photographes de Divergence, en passant par la
photographie officielle du président François Hollande signée Raymond Depardon, la
photographie politique épouse les contours d’une histoire moins sociale que politique
de l’art.
Les photographes recouvrent donc un statut particulier entre des candidats qui s’en
méfient tout en cherchant à les séduire pour flatter leur éthos. Dans un subtil jeu
d’ombres et de regards, aguerris à certains politiques, les photographes devancent
leur gestuelle attendant de figer l’image emblématique. Elle peut remettre en
question le portrait officiel que le politique ou ses conseillers se construisent.
Détaché du protocole, l’œil du photographe retranscrit une image qui n’est pas
innocente, sujette à l’interprétation du lecteur. Une même image n’occupera pas la
même place selon la ligne d’opinion d’une publication où les rédactions font jouer
l’image à front renversé. D’où l’exigence de mieux connaître les sources des images.