Flouter ou ne pas flouter ?

Faut-il cacher les visages de manifestants sur les photos ?

Dans leur édition du 21 octobre, Libération et 20 minutes publient la même photo pour illustrer les scènes de violence urbaine qui ont eu lieu à Lyon, en rapport avec les manifestations contre la réforme des retraites.

 

Ce qui me frappe, c’est que Libé publie la photo telle qu’elle est, alors que 20 Minute a pris la précaution de flouter les visages des deux personnes au premier plan. Pourquoi ? Ils se trouvent pourtant dans un endroit public et font partie d’un événement d’actualité largement couvert par les médias. Il n’est pas illégale de participer à une manifestation en France, est-il donc nécessaire de protéger l’identité de ces deux personnes ?

A près avoir consulté la fiche juridique de la Scam , que l’on peut interpréter de différentes façons, j’ai souhaité poser la question directement à Luc Briand du service photo de Libération ainsi qu’à Franck Lodi de 20 minutes.

A la question : pourquoi ne pas avoir masqué les visages des personnes identifiables ?
Luc Briand de Libération me répond :
« Pour toutes les photos représentant les jeunes dans les manifs, nous nous posons cette question. L’essentiel pour nous est de connaître le plus possible le contexte de la prise de vues et le résultat.
– ce ne sont pas des actes de vandalisme.
– nous avons appelé l’AFP et le photographe pour en savoir plus sur l’avant prise de vues. Il nous a précisé qu’il s’agissait de jeunes (au sens large, lycéens ou/ et casseurs) expulsés de la Place Bellecour.
– Dès lors les masquer ou flouter les aurait fait apparaître comme casseurs ce qui réduisait le sens de l’image.
– Par ailleurs les casseurs se floutent eux-mêmes (avec leurs foulards, capuches…), tout à fait conscients que la police les photographie et filme.Mais encore une fois, il s’agissait d’une fuite et non d’un acte de vandalisme ou dans ce cas précis nous nous serions sans doute abstenus de diffuser l’image. »

A la question : pourquoi avoir flouté les visages des personnes situées au premier plan ?
Frank Lodi de 20 minutes répond :
 » Mon interprétation est la suivante : je ne sais pas si les personnes dont nous avons flouté le visage sont mineures.
– nous ne savons pas précisément  s’il s’agit de casseurs ou de lycéens
– la photo est intéressante pour l’information qu’elle comporte, pour son l’intensité et pour son graphisme. Elle est assez symbolique de la tension actuelle. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu garder l’expression des visages.
– enfin la question du droit à l’image se pose toujours ainsi que l’interprétation « exacte » d’une photographie d’actualité chaude « .

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Bonne vue à tous, Claudia Zels